Nous utilisons nos propres cookies et ceux de tiers à des fins statistiques et d'amélioration du site web. Veuillez sélectionner ci-dessous les cookies que vous souhaitez accepter ou refuser. Si vous poursuivez votre navigation sans sélectionner de cookies, cela équivaut à refuser les cookies. Pour plus d'informations, veuillez consulter notre politique de confidentialité.



Le projet de facturation électronique français : avantages et défis

PrintMailRate-it

​​​​​​​​​​​​​​​Mise en ligne le 06.05.24 ​- ​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​Mise à jour le 16.12.2024 -​temps de lecture : env. 5 min


La loi de finances 2022 a introduit un projet ambitieux de facturation et de reporting électroniques en France. Ce dernier devait se déployer progressivement à partir du 1er juillet 2024, mais il a été récemment reporté à 2026.

 S_B117638726 (1).jpg


Le nouveau calendrier de mise en œuvre des dispositions relatives à la facturation électronique met en évidence les difficultés inhérentes au déploiement de cette législation, tant au niveau des entreprises et du choix des intermédiaires qu'au niveau de l'interopérabilité du système français avec les dispositions européennes. La facturation électronique reste néanmoins une avancée majeure pour les entreprises, les aspects économiques et le respect de la réglementation semblent l'emporter sur les inconvénients latents.


1. Le projet de facturation électronique français : avantages pour les entreprises


FACILITER LA FACTURATION

La mise en place de l'obligation de facturation électronique entre entreprises établies en France et assujetties à la TVA poursuit plusieurs objectifs représentant des avantages à long terme pour les entreprises :


  • Elle renforce la compétitivité des entreprises en réduisant leur charge administrative, en diminuant les délais de paiement et en générant des gains de productivité grâce à la dématérialisation. En effet, il ressort de la plupart des études que la dématérialisation des factures représente une économie de 50 à 75 % par rapport au traitement papier et réduit le temps de traitement d'environ 30 %.
  • À terme, elle simplifiera les obligations déclaratives des entreprises en matière de TVA, puisqu'elle permettra de préremplir les déclarations de TVA françaises ;
  • Elle améliore la détection des fraudes au profit des opérateurs économiques de bonne foi et empêche ainsi la concurrence déloyale de certains acteurs économiques qui, auparavant, ne percevaient pas correctement la TVA en aval ou récupéraient à tort la TVA en amont, de sorte à proposer des prix anticoncurrentiels.

OPTIMISATION DE LA CONFORMITÉ

L'obligation française de facturation électronique est liée au reporting électronique, les données de facturation étant extraites des factures électroniques et transmises à l'administration fiscale française via le portail public de facturation par la plateforme de dématérialisation partenaire privée choisie par l'entreprise.

Chaque transaction facturée est ainsi communiquée à l'administration fiscale française, qui reçoit en temps réel des informations sur les transactions et les opérateurs. Ce contrôle en temps réel réalisé par les autorités a un impact direct sur le comportement des entreprises, qui seront plus disposées à anticiper les risques et donc à maintenir un niveau élevé de conformité à la TVA.

La mise en œuvre progressive de ce projet français est une incitation positive pour les entreprises et leur donne le temps nécessaire pour procéder à un inventaire et à une analyse détaillée de leurs flux de NA afin de limiter leurs risques en matière de TVA dans le futur. Ceci souligne l'aspect positif d'un tel contrôle.


2. Le projet de facturation électroniqu​e français : les défis pour les entreprises


COMPLEXITÉ DU SYSTÈME ET RETARD DE MISE EN ŒUVRE

La loi de finances pour 2024 prévoit un nouveau calendrier d'application des dispositions relatives à la facturation électronique, à savoir :

  • Le 1er septembre 2026, pour les grandes et moyennes entreprises ;

  • Le 1er septembre 2027, pour les petites et moyennes entreprises et les micro-entreprises.​


Le précédent calendrier prévoyait l'application de ces dispositions dès le 1er juillet 2024 pour les grandes entreprises, 2025 pour les moyennes entreprises et 2026 pour toutes les autres entreprises. Cette réforme s'accompagne d'autres changements moins significatifs, comme l'introduction de 4 nouvelles mentions obligatoires, dont la mise en place a également été reportée en conséquence.


Le report de la mise en œuvre de la réforme se justifie par la volonté de donner plus de temps aux entreprises pour adapter leurs systèmes numériques dans de bonnes conditions. En effet, un sondage réalisé pour le compte de la Direction Générale des Finances Publiques a révélé que 57% seulement des entreprises estimaient pouvoir être prêtes pour juillet 2024, d'où le report de la réforme (1).


Les résultats de ce sondage s'expliquent par la complexité du système, qui comprend plusieurs niveaux d'obligations :

  • Un premier niveau qui nécessite la détermination du lieu d'établissement des parties impliquées dans la

transaction ;

  • Un deuxième niveau qui nécessite la détermination des règles de facturation applicables, de la territorialité de l'opération en matière de TVA et de la nature du flux d'opérations, ce qui peut être particulièrement compliqué dans le cas de flux d'opérations complexes impliquant à la fois la prestation de services et la livraison de biens.

Ces critères doivent être examinés afin de déterminer de quelle obligation relève l'opération (e-facture, e-reporting des données de facturation et/ou e-reporting des données de paiement). Ce report pose également la question de la pertinence du projet français, compte tenu du fait que le projet européen doit être mis en œuvre d'ici 2028 et qu'il prévoit de rendre obligatoire le e-reporting pour les livraisons transfrontalières de biens ou de services. Ne serait-il pas plus sage d'attendre la finalisation du projet européen afin d'éviter les chevauchements et les problèmes d'interopérabilité ?


INTEROPÉRABILITÉ DES SYSTÈMES EUROPÉENS ET FRANÇAIS

Même si les autorités fiscales françaises veillent à ce que les normes européennes et françaises soient cohérentes, l'introduction de la facturation électronique ne va pas nécessairement de pair avec l'adoption des normes européennes en matière d'e-reporting. En effet, dans les États membres de l'UE dont les systèmes de facturation électronique existaient déjà avant l'adoption de la norme européenne, l'utilisation de la norme nationale prévaut généralement. L'adoption d'une norme unique pour tous les États membres permettrait de rationaliser les processus et procédures de facturation dans toute l'Europe et de simplifier la facturation.


DIFFICULTÉS LIÉES AUX CANAUX DE TRANSMISSION DES FACTURES ELECTRONIQUES ET DES DONNEES DE TRANSACTION

Par communiqué du 15 octobre 2024, l’administration fiscale a changé de paradigme concernant les canaux pouvant être utilisés pour la transmission des factures électroniques et des données de transaction. Si le modèle français se voulait jusqu’à présent mixte, le modèle décentralisé semble désormais prévaloir. Cela démontre encore une fois que les fondations de ce projet ambitieux, dont la mise en place progressive approche, ne sont pas encore stabilisées. 
 
Jusqu’alors, il avait été annoncé que les entreprises, pour transmettre leurs factures électroniques et leurs données de transaction, pourraient choisir entre :
  • le Portail Public de Facturation ;
  • ou une Plateforme de Dématérialisation Partenaire, immatriculée par l’administration fiscale française pour une durée de 3 ans. 

Il est désormais indiqué qu'il ne sera plus possible de choisir d'utiliser directement et gratuitement le Portail Public de Facturation.


Ce changement tardif aura sans aucun doute un impact négatif sur les entreprises et groupes qui projetaient de se connecter directement au Portail Public de Facturation et qui avaient déjà commencé le long et lourd processus d'adaptation de leurs systèmes informatiques au système de facturation électronique et de reporting électronique français.


Il sera donc nécessaire, pour tous, de passer par les services d'une plateforme de dématérialisation partenaire. L'administration a précisé que, pour permettre plus de souplesse, il sera possible de choisir une ou plusieurs plateformes pour permettre aux entreprises de sélectionner les services et le niveau d'accompagnement qui leur convient le mieux pour chacune de leurs obligations [2]. 


Si depuis quelques semaines, la liste des plateformes de dématérialisation partenaire immatriculées est disponible en ligne [3] et est constamment enrichie, ce qui permet d'offrir plus de visibilité aux entreprises, certains défis restent à relever. En effet, il faut d'abord noter que leur immatriculation a été réalisée sous réserve de leur raccordement ultérieur au portail public de facturation.


Ensuite, alors que certains indices laissent à penser que plusieurs prestataires de services - plateformes de dématérialisation partenaires immatriculées ou simples opérateurs de dématérialisation - démarchent activement les entreprises, il n'est pas simple pour les entreprises de trouver des offres de service concrètes et adaptées à leurs besoins. 


Globalement, cette réforme de la facturation électronique constitue un moyen plus sûr d'émettre des factures pour les entreprises soumises à cette obligation, mais elle n'est pas encore achevée, car de nombreuses questions restent en suspens.


Il nous semble toutefois important que les autorités fiscales françaises, l'Union européenne, les plateformes de dématérialisation partenaires et les entreprises continuent de travailler ensemble pour développer un système de facturation électronique qui allie simplicité et efficacité et favorise le respect de la règlementation en matière de TVA. Des innovations techniques complémentaires, telles que l'IA (Intelligence Artificielle) et la technologie blockchain, pourraient un jour être envisagées pour améliorer ou compléter le projet actuel afin d'atteindre les objectifs fixés.


(1) Sondage réalisé par l'institut Ipsos pour le compte de l'administration fiscale française à l'été 2023 ; cité dans l'amendement du Parlement visant à reporter la réforme au 17 octobre 2023

(2) FAQ – Plateformes de dématérialisation partenaires, réponse n°3 datée du 16 octobre 2024

(3) https://www.impots.gouv.fr/liste-des-plateformes-de-dematerialisation-partenaires-pdp-immatriculees-sous-reserve

Contact

Contact Person Picture

Aurélia Froissart

Avocate

Partner

+33 6 74 89 60 44

Envoyer la demande

Contact Person Picture

Camille Stephanus

Avocate

Senior Associate

+33 3 6722 2045

Envoyer la demande

Deutschland Weltweit Search Menu